“Les Fantômes du Lac”
Premier récit traduit du livre
“Umbria Misteriosa” de Lucia PIPPI et Cristiano ROSCINI.
(Voir aussi le second récit et le troisième récit, partie 1 et partie 2)
Le lac Trasimène, muse des écrivains et poètes
« Le lac Trasimène est certainement un des lieux les plus magiques de l’Ombrie. Ses collines, ses couchers de soleil ont depuis toujours inspiré écrivains et poètes.
C’est sur son rivage, à Monte del Lago, dans une splendide villa qui domine toute l’étendue de l’eau, que vécut Vittoria Aganoor Pompilj , la poétesse de la fin du dix-neuvième siècle ».
Le lac Trasimène, source de légendes
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« Mais, outre ces œuvres littéraires, le Trasimène a également fait naître tellement de légendes. Dans cette partie de l’Ombrie, l’imagination populaire nous a offert des joyaux vraiment uniques dans leur genre.
Le moment le plus opportun à cet égard était la « veja » (veillée) autour du feu après une écrasante journée de travail. Cet instant représentait pour les fermiers et les pêcheurs du lieu l’unique temps libre et calme avec leur famille et leurs amis au cours des froides et humides soirées hivernales.
Durant ces nuits se racontaient les histoires et les légendes. Et c’était toujours pendant ces longues veillées qu’il arrivait d’assister à d’étranges phénomènes.
Un thème prédomine : l’apparition de fantômes. A en croire les mieux informés, chaque ruine en serait peuplée. Mais les récits les plus intéressants concernent les îles et méritent un respect particulier car ils s’agiraient en l’occurrence de personnages vénérables du passé qui erreraient encore aujourd’hui, sans trouver la paix. »
Une “confrérie” entière de spectres ?
“A l’Isola Polvese, il y aurait même carrément une « confrérie » complète de spectres. Il s’agirait sans aucun doute des moines olivétains du monastère de San Secondo qui domina toute l’île à partir du quinzième siècle. Ce sont d’ailleurs eux, les frères du couvent, qui introduisirent sur l’île la culture des oliviers et la production d’huile d’olive.
Mais, au cours du dix-septième siècle, aussi bien l’île que l’abbaye, dévastées et saccagées par les armées florentines, connurent un déclin progressif.
On raconte que les moines furent massacrés au cours d’une de ces incursions. En réalité, les olivétains abandonnèrent leur abbaye en 1624, mais comme toujours, la légende prit l’avantage sur l’Histoire.”
La légende
“Il paraît qu’une nuit de novembre, exactement à la période de la récolte des olives, dans le silence de l’obscurité froide du lac, on entendit le grincement de la meule d’un moulin qui tournait, tournait et travaillait.
Le bruit arriva jusqu’au bord du lac, jusqu’à San Feliciano.
« D’où provient ce bruit ? On dirait une meule. Mais il n’y en pas dans les environs ».
« Cela vient de l’Isola… du monastère ! ».
« Mais qui peut bien presser des olives à cette heure ? ».
La curiosité des habitants de San Feliciano fut plus forte que la peur.
Et c’est ainsi que quelques villageois prirent une barque et s’aventurèrent, de nuit, au milieu du lac en direction de l’Isola Polvese.
Dès leur arrivée, tout leur apparut aussi tranquille qu’en pleine jour : l’île inhabitée, la meule arrêtée et pas de traces d’huile pressée. Il n’y avait manifestement aucune trace des moines et le pressoir était indéniablement à l’arrêt depuis des siècles.
Retourné à terre, ces valeureux villageois purent tranquilliser la population de San Feliciano. Mais ensuite, le bruit reprit chaque nuit, ponctuellement, jusqu’à la fin de la période de récolte des olives.
Depuis lors, chaque année, au début de novembre, ce sinistre grincement recommença.
Ce sont toujours eux, les moines olivétains assassinés il y a des siècles, qui reviennent hanter les ruines de leur monastère, perpétuant ainsi éternellement leur tâche : veiller avec soin et sagesse à la préparation de l’huile pour l’île et pour leur couvent.”