Les “lieux franciscains” à l’Isola Maggiore (1) Le lieu de son débarquement
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Hier, 4 octobre, c’était la fête de Saint François
Un moment tout indiqué pour parler des lieux “franciscains” de l’Isola, non ?
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Introduction
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Par “lieux franciscains“, on désigne les endroits de l’île en relation étroite avec le séjour du saint pendant les quarante jours du Carême de 1211.
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Le séjour de saint François lors du Carême de 1211
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La première mention de ce séjour se trouve déjà dans la plus ancienne biographie officielle du saint, rédigée, à la demande du pape Grégoire IX, par le frère franciscain Tommaso da Celano en 1229, soit seulement trois ans après sa mort et un an après sa canonisation.
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Le livre “I Fioretti” n’a lui été publié que plus de cent ans après la mort de saint François d’Assise.
Il est donc hautement probable que les faits historiques soient ici quelque peu entachés d’éléments plus de l’ordre de la légende hagiographique.
Le titre exhaustif de cet ouvrage est d’ailleurs : “les petites fleurs de la vie du petit pauvre de Jésus Christ“…
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Voici ce qui y est écrit concernant le séjour de saint François à l’Isola Maggiore :
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FIORETTI
CHAPITRE 7
Comment saint François seul avec une moitié de pain jeûna tout un Carême dans l’île du lac de Pérouse
Le véritable serviteur du Christ messire saint François, parce qu’en certaines choses il fut presque un autre Christ, donné au monde pour le salut des hommes, Dieu le Père voulut le rendre, en beaucoup d’actes, conforme et semblable à son Fils Jésus-Christ; comme il est démontré dans le vénérable collège des douze compagnons, dans l’admirable mystère des sacrés stigmates et dans le jeûne continuel de la sainte quarantaine, qu’il fit de cette façon.
Saint François étant une fois, le jour du carnaval, à côté du lac de Pérouse, dans la maison d’un de ses dévots chez qui il avait logé la nuit, fut inspiré de Dieu d’aller faire ce Carême dans une île dudit lac.
C’est pourquoi saint François pria ce sien dévot, que, pour l’amour du Christ, il le portât sur sa nacelle dans une île du lac où personne n’habitait et que cela, il le fit la nuit du jour des Cendres, afin que personne ne s’en aperçût.
Et celui-ci, à cause de la grande dévotion qu’il avait envers saint François, accomplit promptement ce qu’il demandait et le passa à ladite île.
Et saint François n’emporta avec lui que deux petits pains.
Et étant arrivés dans l’île, comme l’ami s’en allait pour retourner chez lui, saint François le pria avec affection qu’il ne révélât à personne comment il était venu en ce lieu, et qu’il ne revînt vers lui que le Jeudi-Saint.
Celui-là partit, et saint François demeura seul.
Comme il n ‘y avait aucune habitation dans laquelle il pût se retirer, il entra dans un taillis très touffu et resserré, où beaucoup de ronces et de petits arbres avaient formé une sorte de petite cabane ou une espèce de tanière.
Et en ce lieu il se mit en orasion, et à contempler les choses célestes.
Et il demeura en ce lieu tout le Carême sans manger et sans boire rien d’autre que la moitié d’un de ces petits pains, selon que le trouvât ce sien dévot le Jeudi-Saint, quand il retourna vers lui.
Des deux petits pains, il retrouva l’un entier et la moitié de l’autre.
L’autre moitié, on croit que saint François la mangea par respect pour le jeûne du Christ béni, qui jeûna quarante jours et quarante
nuits sans prendre aucune nourriture matérielle.Et ainsi avec cette moitié de pain il chassa loin de lui le venin de la vaine gloire et à l’exemple du Christ jeûna quarante jours et quarante nuits.
Puis en cette île où saint François avait fait une si merveilleuse abstinence, Dieu fit, par ses mérites, beaucoup de miracles.
Pour cela, les gens commencèrent à y édifier des maisons et à y habiter;
et en peu de temps, il s’y fit un bon et grand bourg; et là est le couvent des frères, qui s’appelle le couvent de l’île, par respect pour saint François.
Et les hommes et les femmes de ce bourg ont encore grand respect et dévotion pour ce lieu où saint François fit ladite quarantaine.
A la louange du Christ.
Amen.
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L’esplanade de saint François
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Pour rejoindre cet endroit il prendre la strada di lungolago et la suivre pendant environ 460 mètres jusqu’à son extrémité sud.
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Que trouver sur cette esplanade ?
1 – la chapelle et la source
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Selon la tradition, à peine arrivé, saint François aurait creusé de ses mains la terre jusqu’à faire jaillir une source.
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C’est au-dessus de cette source que fut édifiée une petite chapelle qui contient une statue en bois, très détériorée, de saint François.
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2 – L’empreinte de ses coudes et de ses genoux dans la roche
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Saint François passait des nuits entières à prier et c’est sans doute ce que veut rappeler cette légende du rocher usés par ses coudes et ses genoux.
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Dans son livre “Saint François d’Assise, sa vie et son oeuvre” (1911), Johannes Joergensen rapporte à ce sujet l’épisode suivant :
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Les légendes postérieures nous racontent comment Bernard, avant de s’associer définitivement avec François, imagina de se rendre compte, par une ruse, du plus ou moins de sérieux de la sainteté du jeune prédicateur.
Plusieurs fois, il invita François à loger chez lui, ce que François accepta volontiers, — d’où nous pouvons déduire qu’il ne possédait point, à cette époque, de domicile fixe.
Or, un soir, Bernard fit préparer, pour son hôte, un lit dans sa propre chambre à coucher, où, d’après la coutume des maisons bourgeoises du temps, une lampe brûlait durant toute la nuit.
Et voici ce que nous rapportent la Chronica XXIV Generalium et les Fioretti :
« Avec le soin prenait toujours de cacher sa sainteté, saint François, dès qu’il fut entré dans la chambre, se jeta sur le lit, et feignit de dormir ;
et bientôt Bernard se coucha, à son tour, et s’évertua ronfler très fort, comme s’il dormait profondément.
Sur quoi le saint, qui croyait que Bernard dormait pour de bon, se leva de son lit et se mit à prier : levant les yeux et les mains vers le ciel, il appelait, avec un recueillement et une ardeur infinis : Mon Dieu et mon tout!
Et ainsi il continua de prier et de pleurer amèrement jusqu’au matin ;
et toujours il répétait : Mon Dieu et mon tout ! et ne disait rien d’autre. »
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3 – La statue en bronze de saint François (1982)
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Je n’en parlerai pas davantage ici car elle fera l’objet de l’article de demain.
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4 – Des points de vue superbes sur l’Isola Minore et passignano, ainsi que sur la rive est du lac Trasimène
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Plus loin, une deuxième chapelle
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Elle abrite une pierre qui est censée avoir servi de litière à saint François.
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Pour la rejoindre il vous faut prendre la strada di San Francesco.
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D’autres “lieux franciscains” ?
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Bien sûr, car après saint François, des frères ont rejoint l’île à la fin du XIIIème siècle.
Et, en 1328, un couvent franciscain et une église y furent construits.
Malheureusement ce qui reste de ces bâtiments a été intégré dans l’architecture de la Villa Isabella Guglielmi et n’est plus accessible au public.
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