EXPATRIATION III : vider, emballer, quitter…
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Les meubles
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Je dois bien reconnaître que c’est Fabienne qui a géré l’essentiel du déménagement.
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Notre séjour de novembre à “L’Approdo” nous avait permis de déterminer les meubles qui ne seraient pas adaptés à notre nouvelle maison.
Fabienne adore décorer une nouvelle demeure et le fait avec un goût exquis, pur, dépouillé, comme je l’adore.
En plus, les italiens sont les rois du design et leurs prix moins élevés.
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En conclusion, nous avions décidé de nous encombrer du moins de meubles possibles pour le déménagement, déjà assez onéreux sans cela.
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Un certain nombre plûrent à nos acheteurs de la maison de Villers.
Nous en vendîmes quelques-uns, comme notre piano.
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Nous en donnâmes d’autres.
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Trier, jeter
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Partie essentielle de notre tâche à tous!
Quand on bénéficie d’une grande demeure, on conserve tout, on stocke, on accumule…
Des parents aux enfants, chacun dut se résoudre à faire des choix parmi ses différents “trésors”.
Choix “cornéliens”, déchirements, nostalgie d’un passé révolu qui s’en va ainsi par bribes et morceaux…
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Le pire de tout, les livres de Jean
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Ma passion, mon vice, ma “danseuse” !
Mes livres ! Innombrables !
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Je me suis toujours déculpabilisé de mes “folies” à cet égard après avoir découvert dans les archives de mon grand-père maternel un livre d’un de mes ancêtres.
Il s’agissait de Jean Du Fief, Conseiller d’Etat au Conseil-Privé du Roi à Bruxelles, né en 1578 à Tournai et y décédé en 1651.
Dans son recueil des “Extrait des Arrêts du Grand Conseil de Malines », on lit dans la préface écrite en vieux français :
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Mr. Du Fief n’étoit pas riche, & fon plus grand bien etoit fa Bibliothèque, qui a été eftimée dans ce temps-là fix mille florins…
Il étoit fi laborieux & avoit une mémoire fi profigieufe, que communément au Confeil on l’appeloit le Répertoire.”
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Je me suis toujours protégé derrière ce rempart familial, derrière cette tare génétique, pour faire face aux reproches de mes intimes concernant le montant annuel de mon budget “livres”.
Honni soit qui mal y pense !
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Mais là, je me suis retrouvé au pied du mur.
“L’Approdo” ne pourrait jamais accueillir toute cette littérature, d’ailleurs bien hétéroclite.
A Villers-la-Ville, j’avais conçu une cave entière consacrée à un classement quasi professionnel de mes bouquins.
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A “L’Approdo », je n’avais qu’une pièce pour reproduire ce dispositif, mais sa surface n’était que la moitié de celle de Villers-la-Ville.
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J’entrepris donc une série successives d’étapes, parfois “douloureuses”:
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1 – Sélection des livres dont je ne voulais à aucun prix me séparer.
2 – Appel à un bouquiniste sérieux (La Fafouille à Charleroi), pour voir ce qu’il souhaiterait acquérir.
3 – Dons à quelques amis proches de livres qui devaient normalement “leur parler”…
4 – Sélection de tous mes livres scientifiques (à part quelques ouvrages essentiels) pour les donner à la Bibliothèque de mon Hôpital Vincent Van Gogh.
5 – Deux jours de “braderie” pour nos amis et connaissance, selon la règle premier arrivé, premier servi.
6 – Les livres restants ont été offerts à la bibliothèque pour les patients de l’Hôpital Vincent Van Gogh.
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Les archives
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L’essentiel de mes archives professionnelles nécessaires pour mes successeurs étaient déjà classées à mon secrétarita à l’Hôpital Vincent Van Gogh.
Mes archives personnelles devenues caduques furent transformées en papier confettis bien utile pour nos caisses de déménagement.
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Résultat final : le vide !
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Ce fut long, parfois déchirant, dérangeant, mais nous y sommes arrivés.
Et alors, ce vide étrange! Quelque peu lugubre !
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Cette maison qui semblait déjà ne plus vouloir de nous, ne plus nous reconnaître.
Et nous qui errions comme des âmes en peine dans l’attente du signal de départ.
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Un dernier regard nostalgique de Fabienne sur cet étang qui lui avait tellement tenu à coeur, dont elle avait fait une telle merveille…
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A cet instant, sans doute se l’est-elle imaginé une dernière fois…
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Joie de partir !
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Déchirement de partir !
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