San Michele Arcangelo : le crucifix en bois peint (2) : brève histoire de la représentation du Christ
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Per i nostri amici italiani
Oggi, dopo una breve storia dell’evoluzione delle rappresentazioni di Cristo nell’iconografia cristiana, ci abbiamo collocato la Croce della chiesa di San Michele Arcangelo.
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Introduction
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Dans la culture occidentale actuelle, le Christ crucifié est certainement la représentation christique la plus familière et la plus fréquente.
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Pourtant il n’en a pas toujours été ainsi, et de plus la représentation même du Christ en croix a évolué au cours des siècles.
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Ère paléochrétienne
une évocation symbolique, et non représentative
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Elle s’étend du début du IIIème siècle à la fin du IVème siècle.
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Le Christ sera souvent présenté en adolescent.
Les images s’attachent à des thèmes du message chrétien exprimés d’une façon symbolique.
L’exemple le plus frappant est celui du Bon Pasteur qui va rapidement devenir un symbole du Christ Sauveur, sans prétendre en être la représentation.
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En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui n’entre point par la porte dans la bergerie, mais qui y monte par ailleurs, est un voleur et un brigand.
Mais celui qui entre par la porte est le pasteur des brebis.
C’est à lui que le portier ouvre, et les brebis entendent sa voix; il appelle par leur nom ses brebis, et il les mène aux pâturages.
Quand il a fait sortir toutes ses brebis, il marche devant elles, et les brebis le suivent, parce qu’elles connaissent sa voix.
…
Je suis le bon pasteur; je connais mes brebis et mes brebis me connaissent,
Comme mon Père me connaît, et que je connais mon Père, et je donne ma vie pour mes brebis.
J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie; il faut aussi que je les amène, et elles entendront ma voix et il y aura une seule bergerie et un seul pasteur.
C’est pour cela que mon Père m’aime, parce que je donne ma vie pour la reprendre.
( Évangile de Jean, 10, 1-19 )
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Progressivement, au dernier tiers du IVème siècle, la représentation du Christ va changer et il va soit être associé à Dieu, soit occuper une place prédominante.
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Le monde byzantin
le Christ « pantocrator »
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« Pantocrator » signifie en grec « tout puissant ».
Présenté le plus souvent en buste, le Christ tient un livre dans une main et esquisse un geste de bénédiction de l’autre.
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Le Christ en majesté, autre mode de présentation du Christ en gloire, représente le corps complet du Christ, souvent assis sur un trône.
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Ici, c’est donc bien le “Christ en gloire” qui domine pour un temps l’iconographie chrétienne.
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La Crucifixion
un thème difficile au début !
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La représentation du Christ crucifié a longtemps posé un dilemme à l’art chrétien.
Comment concilier le respect de la Divinité et la représentation des douleurs de l’agonie au cours d’un supplice infamant ?
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C’est pourquoi la Crucifixion n’a jamais eu sa place dans l’art chrétien primitif !
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Une des premières représentations de cette scène apparaît vers 420-430.
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Marie-Christine Sepiere, dans son ouvrage « L’image d’un Dieu souffrant, aux origines du crucifix », commente cette oeuvre de la façon suivante :
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En dépit de son apparence extrêmement humaine, ce Crucifié est l’image de Dieu puisqu’il ne souffre pas et, a fortiori, ne meurt pas sur la croix.
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Les oeuvres carolingiennes
des IXème et Xème siècles
le Christ « vainqueur »
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La présence du « crucifié » s’intègre désormais à sa présence sur l’autel qui rappelle symboliquement son sacrifice.
La réalisation de représentation iconographique du Christ crucifié devient considérable à cette époque.
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Pour illustrer cette période, Marie-Christine Sepiere commente ainsi la photo suivante :
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Le Christ présente une apparence juvénile et tranquille, à la fois vigoureuse et gracieuses, tendue et souple, en pleine vie mais néanmoins marquée par le sacrifice.
A l’expression de cette vie participent la parfaite sérénité exprimée par les grands yeux en amande, les joues pleines et la bouche esquissant un sourire…
Tout ici tend beaucoup plus à suggérer le sacrifice qu’à véritablement le monter.
L’observation suffit à révéler le soin que l’on porte à préserver l’impression d’une symétrie rigoureuse pour maintenir l’apparence d’une impassibilité parfaite.
On pourrait dire ainsi que, sitôt évoquée, la réalité du sacrifice se trouve niée.
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Cette représentation sera privilégiée de l’époque de Charlemagne (742 ? – 814) à celle du roi saint Louis (1214-1270).
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Milieu du XIIIème
au milieu du XVIème siècle
le Christ « souffrant »
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Il s’agit désormais de présenter la réalité du sacrifice douloureux du Christ.
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Nous verrons dans le prochain article combien, au XIIème siècle, saint François d’Assise (1181-1226) qui ressentit profondément les douleurs du Christ et ne pouvait plus les évoquer sans pleurer, eût une influence sur cette évolution iconographique de la Crucifixion.
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Un excellent exemple de ce type de représentation est la “Crucifixon” (1268-1271) peinte sur bois par Cimabue et exposée à l’église San Domenico d’Arezzo.
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Ici, nous avons une représentation plus « humaine » de la souffrance du Christ.
Loin du Christ triomphant, c’est le Christ souffrant et portant le poids des péchés des hommes.
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Vers 1290, Giotto a peint une « Crucifixion » de la même veine.
On peut la voir à l’église Santa Maria Novella de Florence.
Ce crucifix est devenu un modèle pour les peintres contemporains de Giotto ou plus tardifs.
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Enfin, signalons encore le Retable de Monteripido du au Pérugin (1502), exposé à la Galerie nationale d’Ombrie à Perugia (Pérouse).
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Milieu du XVIème siècle
le Christ, beauté plastique
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Le réalisme humain l’emporte de plus en plus sur l’inspiration religieuse.
On peut illustrer ce fait par la “Crucifixion” peinte par le Tintoret en 1565.
Dans son livre « Le crucifix dans l’art », Pierre Saurat commente ainsi ce très grand tableau :
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… le Christ accomplit bien sa mission, mais il est seul.
Les autres personnages n’ont pas l’air de savoir qu’il est là, tout près d’eux, rendant le dernier soupir.
Leur pensée est ailleurs, elle est tout entière aux spectateurs qui passent devant eux et qui les regardent.
Ils posent devant la galerie.Le soldat, à gauche, est tout fier de montrer son armure.
Comme ce cavalier à droite, sur son beau cheval blanc tout fringant et comme les femmes leurs épaules nues.
Tout est pour l’effet, et je ne sais quoi de sensuel remplace l’austère beauté des âges précédents.
Les personnages prennent la pose longtemps étudiée, la pose finalement adoptée, et contents d’eux, semblent dire, comme au temps de Plaute: « Nunc plaudite, cives! Citoyens, c’est le moment d’applaudir.»
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Art religieux contemporain
une rencontre semée d’embûches ?
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Il est classique de dire que l’art sacré s’est éteint au cours de la première moitié du XIXème siècle, ne laissant plus en place que l’art sulpicien.
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Après la seconde guerre mondiale, l’art religieux connut un réel renouveau caractérisé par un désir de réconciliation entre l’Église et l’art moderne.
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Un des plus beaux exemples de ce mouvement et des réactions suscitées s’observe à l’église du plateau d’Assy et plus particulièrement à travers le « Crucifix » sculpté par Germaine Richier.
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Source : http://idlespeculations-terryprest.blogspot.it/2010/07/church-of-notre-dame-de-toute-grace-du.html
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Autour de cette oeuvre naquit une sérieuse querelle nourrie par des avis complètement antagonistes.
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Citons d’abord quelques critiques très positives :
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Maurice Novarina, un des architectes de cette église déclara :
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Germaine Richier a exécuté un Christ extraordinaire.
Elle lui a donné une autre expression que celle d’une indicible souffrance.
Le caractère semi-figuratif de son œuvre nous entraîne à une méditation déchirée, qui débouche enfin sur la tendresse et sur un incomparable amour.
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Bernard Dorival, alors conservateur du Musée d’Art Moderne adopta également un ton très chaleureux pour parler de cette église et tout particulièrement de la sculpture de Germaine Richier :
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L’Église d’Assy ou la résurrection de l’art sacré… l’entreprise qui mettra pour jamais fin au divorce qui existait entre l’art et l’art.
…
(Le Crucifix) … douloureux et grandiose, dont les bras, démesurément ouverts, inspirent confiance et respect, et dont l’expressionnisme pathétique se double d’une noble plasticité.
Il est sans doute la première image pas trop indigne de son objet que la sculpture nous ait donnée depuis la fin du Moyen-Âge.
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D’un autre côté, les détracteurs de cette sculpture n’y allèrent pas par quatre chemins :
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Pour Henri Charlier, peintre et sculpteur français, considère que le corps du Christ n’est qu’un « moignon sculpté ».
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Pour Gabriel Marcel, cette sculpture n’est que « un rameau rachitique et couvert d’une espèce de moisissure… le fruit mort d’une cérébralité desséchée ».
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Enfin, Madeleine Ochsé estima qu’il s’agissait simpmplement d’ « une simple ébauche… un tronçon pourri qui a renoncé à sa forme humaine et ouvert pour nous ses grands bras déchiquetés ».
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Le 1er avril 1951 (cela ne s’invente pas!) 😆 , Monseigneur Cesbron, l’évêque d’Annecy, fit retirer la sculpture.
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Elle ne retrouva son emplacement qu’en 1969, après le Concile de Vatican II.
Cette réhabilitation s’inscrivait dans l’esprit de la constitution pastorale Gaudium et Spes (Joie et Espoir) de Vatican II qui affirme que l’Église est dans le monde et du monde et qui a résolument placé l’Église dans le monde moderne.
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Conclusion
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Il est manifeste que la représentation du Christ a fortement évolué au cours des siècles et a été influencée par les modes de pensée des différentes époques.
Cette revue rapide de l’évolution de la représentation du Christ au cours des siècles vise à nous aider à situer la Croce présente à l’église San Michele Arcangelo.
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Elle s’inscrit bien évidemment dans la catégorie du Christ souffrant.
Nous en parlons davantage dans l’article suivant.
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