Les fresques à l’église San Michele Arcangelo (2) : XIV° siècle
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Per i nostri amici italiani
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Presentazione di sette affreschi del XIV secolo nella Chiesa di San Michele Arcangelo.
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E il cambiamento di stile proposto da Giotto
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Préambule
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L’église de San Michele Arcangelo a été présentée dans le premier article de cette série.
Je vous invite à le lire maintenant si vous ne l’avez pas déjà fait car il facilitera votre compréhension de ce deuxième article de la série.
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Pour rappel, vous trouverez ci-dessous le tableau chronologique des plus importantes fresques de l’église San Michele Arcangelo.
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Pour vous aider à vous situer dans le temps, je vous joins un tableau reprenant les dates de naissance et de décès des principaux peintres précurseurs de la Renaissance.
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Tenez compte que les dates de naissance de Piero della Francesca (entre 1412 et 1420 !) et de Benozzo Gozzoli (1420 ou 1424) sont incertaines.
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Les fresques
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PAROI NORD
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Histoire de saint Jean Baptiste
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Elle date de la seconde moitié du XIVème siècle.
Elle a probablement été exécutée par un artiste plutôt modeste, à l’expression picturale manifestement de type populaire.
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Le baptême du Christ
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Cette scène est décrite, entre autres, dans l’Évangile de Saint Marc (Mc 1/9-11)
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9 Et il advint qu’en ces jours-là Jésus vint de Nazareth de Galilée, et il fut baptisé dans le Jourdain par Jean.
10 Et aussitôt, remontant de l’eau, il vit les cieux se déchirer et l’Esprit comme une colombe descendre vers lui,
11 et une voix vint des cieux: “Tu es mon Fils bien-aimé, tu as toute ma faveur.”.
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La décapitation de saint Jean Baptiste
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Ci-dessous le récit de cette décapitation de saint Jean Baptiste selon l’ Évangile de saint Marc (Mc 6/17-27)
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17 … Hérode lui-même avait fait arrêter Jean, et l’avait fait lier en prison, à cause d’ Hérodias, femme de Philippe, son frère, parce qu’il l’avait épousée,
18 et que Jean lui disait : Il ne t’est pas permis d’avoir la femme de ton frère.
19 Hérodias était irritée contre Jean, et voulait le faire mourir.
20 Mais elle ne le pouvait ; car Hérode craignait Jean, le connaissant pour un homme juste et saint ; il le protégeait, et, après l’avoir entendu, il était souvent perplexe, et l’écoutait avec plaisir.
21 Cependant, un jour propice arriva, lorsque Hérode, à l’anniversaire de sa naissance, donna un festin à ses grands, aux chefs militaires et aux principaux de la Galilée.
22 La fille d’Hérodias entra dans la salle ; elle dansa, et plut à Hérode et à ses convives. Le roi dit à la jeune fille : Demande-moi ce que tu voudras, et je te le donnerai.
23 Il ajouta avec serment : Ce que tu me demanderas, je te le donnerai, fût-ce la moitié de mon royaume.
24 Étant sortie, elle dit à sa mère : Que demanderais-je ? Et sa mère répondit : La tête de Jean Baptiste.
25 Elle s’empressa de rentrer aussitôt vers le roi, et lui fit cette demande : Je veux que tu me donnes à l’instant, sur un plat, la tête de Jean Baptiste.
26 Le roi fut attristé ; mais, à cause de ses serments et des convives, il ne voulut pas lui faire un refus.
27 Il envoya sur-le-champ un garde, avec ordre d’apporter la tête de Jean Baptiste..
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Le prophète Isaïe
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Il est considéré pour le premier des trois grands Prophètes, avec Jérémie et Ézéchiel.
Il est pratiquement toujours représenté comme un homme âgé, à longue barbe et tenant un phylactère (morceau de parchemin portant un passage de l’« écriture ») avec le texte d’une de ses prophéties.
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Pourquoi est-il placé là ?
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Dans l’ Évangile de saint Matthieu (3/1-3), nous trouvons le lien établi entre une prophétie d’Isaïe et la mission de saint Jean Baptiste.
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1] En ce temps-là parut Jean Baptiste, prêchant dans le désert de Judée.
2] Il disait: Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche.
3] Jean est celui qui avait été annoncé par Isaïe, le prophète, lorsqu’il dit: « C’est ici la voix de celui qui crie dans le désert: Préparez le chemin du Seigneur, Aplanissez ses sentiers »..
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Cela permet de comprendre le geste de la main droite du prophète et la direction de son regard qui désignent la fresque de l’Histoire de saint Jean Baptiste, en souvenir de cette prophétie !
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Le commanditaire
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Il appartient à une fresque de la fin du XIVème ou du début du XVème siècle, aujourd’hui complètement disparue.
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Il n’en reste que la représentation du commanditaire de l’oeuvre, agenouillé dans le coin inférieur gauche.
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Comme convenu à cette époque, il est peint avec une taille bien inférieure à celle du saint honoré par la fresque (?).
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Citons ici un texte du Musée des Augustins (musée des Beaux-Arts de Toulouse) relatif aux « commanditaires » du Moyen Âge.
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A l’époque médiévale, aucune oeuvre n’est peinte à l’avance. Elle est l’objet d’un contrat avec un commanditaire.
Ces commanditaires sont quelquefois présents sur l’oeuvre sous forme d’une inscription ou même d’une représentation, symbolique ou figurée…
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Quant il y a un donateur particulier, celui-ci est de plus en plus représenté et son image obéit à une typologie connue : agenouillé, de profil, les mains jointes ; ses yeux sont tournés vers le personnage central.
Il porte des vêtements et des accessoires qui permettent de reconnaître son état.
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Maestà
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Ce terme italien désigne la « Vierge en majesté », c’est-à-dire représentée de face, dans une attitude hiératique.
Elle est souvent assise sur un trône, entourée d’anges et d’apôtres.
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Cette fresque de l’église de San Michele Arcangelo date des environs de 1305.
Elle est malheureusement très incomplète.
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L’allure gothique du trône de marbre, l’esquisse d’une perspective formelle et l’apparence des visages, encore partiellement visibles, indique que ce peintre s’est rapidement aligné sur les apports nouveaux de Giotto à Assise, peu auparavant.
Cette attention particulière aux chefs d’oeuvres des grands maîtres toscans à Assise s’explique aisément par l’arrivée des frères franciscains à l’Isola Maggiore, déjà signalée à la fin du XIIIème siècle.
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Saints ajoutés plus tard : Sant’Orsola ?
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Deux figures de saints furent ajoutés aux côtés de la Maestà au cours de la seconde moitié du XIVème siècle.
Seule celle de droite est conservée.
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Elle fut identifiée à Sant’ Orsola, sainte Ursule en français.
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Dans le livre,« Les saints » de Rosa Giorgi, la légende de sainte Ursule est expliquée ainsi :
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La légende de sainte Ursule et de ses compagnes vient d’une Passio du Xème siècle qui prend appui sur la découverte
au VIIIème siècle de reliques de jeunes femmes dans un cimetière chrétien ancien de Cologne.Sur une inscription qui se rapportait à ces reliques figurait le nom d’Ursule, une fillette de onze ans.
C’est probablement à la suite d’une erreur d’interprétation de cette inscription que naquit la légende des onze mille compagnes martyrisées avec Ursule.
La Légende dorée de Jacques de Voragine en présente une version littéraire qui fusionne l’histoire des premières vierges martyres avec celle de figures masculines comme Acace et Maurice.
Ursule, fille chrétienne d’un roi breton, accepta d’épouser le fils d’un souverain païen à la condition qu’il se convertisse et qu’elle accomplisse un pèlerinage.
Partie avec onze mille vierges, mille compagnes pour elle-même et mille pour chacune de ses dix suivantes, elle atteignit Rome, mais, lors de leur voyage de retour, à Cologne assiégée par les Huns, elles furent massacrées.
Ursule, d’abord épargnée, seule, pour sa beauté, fut tuée par Attila en personne parce qu’elle refusait de l’épouser.
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Son iconographie ne s’est développée qu’à partir du XIVème siècle.
Les attributs iconographiques habituels de sainte Ursule sont :
habits royaux et une couronne
la palme du martyre
la flèche qui la tua
un ample manteau (sous lequel elle protège ses suivantes).
PAROI SUD
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Un saint évêque : Sant’Ercolano ?
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En français, il est appelé saint Herculan de Pérouse.
Il est le saint patron de la ville de Perugia.
Cette fresque date de la seconde moitié du XIVème siècle.
Il n’est pas étonnant qu’elle ait été peinte à l’Isola à ce moment car c’est au cours du XIIème siècle (1208) que la communauté de l’Isola Maggiore se soumit à la commune de Perugia.
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Elle fut probablement réalisée par un peintre formé à Orvieto.
.Elle a été peinte sur une fresque plus ancienne dont on aperçoit, du côté supérieur gauche, l’encadrement.
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En 547, cet évêque de Perugia (Pérouse) fut décapité sur les remparts de la ville, sur l’ordre de Totila, roi ostrogoth.
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Dans le livre de François Giry et Simon Martin intitulé « Les vies des saint, dont on fait l’office dans le cours de l’année et de… », on peut lire le récit merveilleux des suites du martyre de ce saint :
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Il gouverna donc son peuple avec une prudence et une charité admirable, particulièrement durant le long Siège que le cruel Torila, Roi des Gots, tint devant cette place…
… Pérouse pressée par la famine et par d’autres misères, fut forcée de se rendre à la discrétion du vainqueur.
Le capitaine qui se saisit de notre Saint, écrivit à Torila pour savoir de quelle façon il le devait traiter.
« Qu’on lui arrache, répondit ce monstre, une courroie de la peau depuis le cou jusqu’aux talons, et qu’ensuite on lui tranche la tête. »
Le Capitaine ne fut pas assez barbare pour exécuter entièrement cet ordre; mais conservant encore quelque reste d’humanité, il fit décapiter Herculan sur le rempart de la ville, et lui ayant ensuite fait arracher une courroie du dos, selon la volonté de son Maître, il fit jeter son corps et la tête avec la courroie dans le fossé…
… Quarante jours après, le Tyran permit aux Bourgeois qui s’étaient sauvés durant le Siège pour éviter la famine, de retourner dans cette ville, et de s’y rétablir.
Leur premier soin fut de chercher le corps de leur saint Prélat pour lui rendre l’honneur qui lui était dû.
Ils le trouvèrent enfin avec la tête : mais parfaitement réunie, qu’il ne paraissait pas qu’elle eût jamais été coupée;
ils regardèrent aussi au dos, et ils n’y aperçurent aucune marque de l’incision que l’on y avait faite;
ils virent au contraire la courroie remise en son premier état;
d’ailleurs la chair était sans nulle corruption, quoi que celle du petit enfant qui avait été enterré avec lui, fut déjà pourrie et pleine de vers.
Ils portèrent cette précieuse relique dans l’Eglise de Saint-Pierre, et elle y est demeurée jusqu’en l’année 936.
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Giotto
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Nous avons vu plus haut que l’artiste qui a réalisé la Maestà du mur nord, avait certainement été fortement influencé par les apports nouveaux de Giotto di Bondone.
Depuis la fin du monde romain, c’est la tradition byzantine qui imposa longtemps sa marque dans la peinture italienne.
À l’orée de la Renaissance, Giotto, peintre florentin, marqua lui une rupture décisive avec cette tradition.
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Voyons cela à travers un simple exemple, la Maestà di Ognissanti, peinte par Giotto entre 1300 et 1303 pour l’église Ognissanti de Florence.
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Le tableau ci-dessous va vous aider à percevoir les éléments persistants de la tradition byzantine et les éléments de rupture amenés par Giotto :
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Je vous invite à retourner au premier article de la série et de comparer l’oeuvre de Giotto avec « La Madone à l’Enfant » peinte sur le mur sud au XIIIème siècle !
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