Voyageurs du passé : excursion au lac Trasimène – Juin 1860 (1)
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La princesse Maria Alessandrina
Bonaparte Valentini
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la poétesse Louise Colet
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.Per i nostri amici italiani
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Troverete la traduzione in italiano del testo della storia sul blog amico di Arbit :
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http://www.associazionearbit.org/2013/01/le-lac-de-trasimene-e-la-carpe-monstre.html
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Ne pas oublier de cliquer sur les photos suivantes pour les agrandir !
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Introduction
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Nos amis de l’ Arbit ont présenté sur leur blog, le 2 janvier 2013, la traduction en italien d’un récit en français d’une excursion au lac Trasimène réalisée en juin 1860 par la princesse Maria Alessandrina Bonaparte Valentini et Madame Louise Colet.
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Ce récit est du à la plume de Madame Louise Colet et se trouve dans le second volume de son ouvrage : « L’Italie des italiens », publié en 1862 (pages 209 à 213).
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Cela m’a donné l’idée de publier à notre tour ce texte sur notre blog.
Cette publication sera accompagnée de quelques informations complémentaires et se fera en deux parties vu la longueur du texte.
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L’ouvrage peut se télécharger en entier à l’adresse internet suivante :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k105896d.r=louise+colet.langFR
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Les protagonistes
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Princesse Marie Alexandrine Bonaparte
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Avant-dernière des dix enfants de Lucien Bonaparte, frère de Napoléon Ier.
Elle est née à Pérouse en 1818 et est décédée à Florence en 1874.
En 1836, elle a épousé Vincenzo Valentini, comte di Lavianio.
Elle a vécu l’essentiel de son existence en Italie dans leurs propriétés familiales.
Et, comme l’écrit Louise Colet, « l’indépendance de l’Italie a été la passion la plus active de la vie de cette noble femme ».
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Louise Colet
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Poétesse française née à Aix-en-Provence en 1810 et décédée à Paris en 1876.
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Âgée d’une vingtaine d’années, Louise Révoil épouse Hippolyte-Raymond Colet, un musicien académique, en partie afin d’échapper à la vie provinciale et de résider à Paris.
À son arrivée à Paris, Louise Colet commence à publier ses poèmes et obtient bientôt le prix de l’Académie française , le premier de quatre prix de l’Académie qu’elle obtiendra.
Dans son salon littéraire elle a fréquenté nombre de ses contemporains du monde littéraire parisien, tels que Victor Hugo.
En 1840, elle met au monde sa fille Henriette, mais, ni son mari, ni son amant Victor Cousin n’acceptent d’en reconnaître la paternité.
Elle devient ensuite la maîtresse de Gustave Flaubert, d’ Alfred de Vigny, d’ Alfred de Musset et d’ Abel Villemain.
Après la mort de son mari, Louise Colet et sa fille subsistent grâce à ses écrits et à l’aide de Victor Cousin.
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Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Louise_Colet
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Leur première rencontre
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Cette première rencontre s’est déroulée au Palais Royal à Paris en 1849.
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Louise Colet s’entretenait avec le prince Carlo Bonaparte, fils aîné de Lucien Bonaparte, frère de NapoléonIer.
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La poétesse Louise Colet décrit ainsi cette première rencontre :
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Une femme superbe entra: je la vois ancore avec sa robe blanche toute parsemée de bouquets de violettes, laissant à découvert ses épaules splendides;
ses soyeux cheveux noirs étaient massés à la grecque sur la nuque et retenus par une flèche d’or.
Je la désignai au prince, qui me dit en souriant:
« C’est ma sœur, elle sera charmée de vous connaître ; elle aime ardemment la poésie, elle fait elle-même des vers français et italiens»
[…]
Quand je l’entendis, l’attrait sympathique redoubla.
Elle avai dans la voix la bonté caressante de son âme ;
l’intelligence était en harmonie avec ce corps si parfait.
Son esprit que l’enthousiasme du beau alimentait toujours, formait un frappant contraste avec celui de son frère, incisif, rationnel et moqueur.
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Le contexte politique
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La bataille de Castelfidardo a lieu le 18 septembre 1860, à Castelfidardo, petite ville de la région des Marches.
Les troupes piémontaises menant la guerre d’unification italienne y défont les troupes pontificales.
À la suite de cette bataille, les États pontificaux sont réduits à la surface de l’actuel Latium.
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En novembre 1860, l’Ombrie, la Romagne et les Marches sont réunis par plébiscite au royaume de Piémont-Sardaigne.
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Source : wikipedia
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Le texte
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Ci-dessous, l’extrait choisi qui décrit cette excursion au lac Trasimène.
La division en paragraphes, les titres, les soulignements et le surlignage en gras ont été ajoutés par l’auteur du présent article.
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En route vers Castiglione del lago
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« Lorsque la princesse fut de retour à la Viano, elle nous proposa de faire une promenade au lac de Trasimène.
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Nous partîmes, par une chaude après-midi, dans une calèche découverte, à laquelle étaient attelés trois bœufs superbes;
les chevaux n’auraient pu nous conduire jusqu’en haut de la rude montée où est situé Castiglione del lago;
toutes les routes des États de l’Église sont d’ailleurs si mal entretenues, qu’il faut s’attendre en les parcourant à rencontrer tout à coup de grosses pierres, des troncs d’arbres ou des flaques d’eau jetés à la traverse;
où les chevaux bronchent, les bœufs passent résolument avec une majestueuse lenteur.
Notre attelage nous rappelait les chars des rois fainéants.
Nous laissâmes derrière nous la blanche villa de la princesse, et nous arrivâmes au village de Puzzoles.
Le lac de Trasimène nous apparut tout à coup à gauche dans sa calme étendue, puis nous le perdîmes de vue.
La route était bordée de grands chênes qu’encaissaient des massifs de genêts et d’églantiers en fleur ;
les troncs et les branches des vieux arbres avaient cette fière allure que Salvator Rosa reproduit si bien sur ses toiles.
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Peu nous importait que le chemin fût moins plane que ceux de la Toscane, les aspects sauvages et inattendus de la nature nous ravissaient.
Des frênes gigantesques et séculaires formaient ça et là des clairières silencieuses, dont le sol était tapissé de marguerites, de coquelicots, de bluets et de boutons d’or. »
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Castiglione del lago
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« Après une heure de marche à travers cette campagne enchantée, les bords de la route se dénudèrent;
des champs de grands oliviers s’étendirent de chaque côté;
en face de nous Castiglione del lago couronné de son magnifique donjon, nous apparut comme une féerique décoration de théâtre ;
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le lac de Trasimène, encadré de belles montagnes, se déployait derrière le village;
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ses flots enlaçaient le roc où Castiglione est assis et s’allongeaient dais les terres tels que deux bras lumineux.
Nous descendîmes de voiture devant la vieille porte du mur d’enceinte et gravîmes plusieurs rues étroites et dépeuplées qui aboutissent au donjon;
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à gauche, avant d’arriver aux moraines du fort, nous trouvâmes un vaste palais, ancien fief des ducs de Cornia, et qui appartient aujourd’hui au gouvernement papal.
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Nous parcourûmes plusieurs salles immenses décorées de fresques mythologiques des frères Zuccari.
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Le régisseur nous fit servir du vin de Montefiascone et des gâteaux sur une jolie terrasse aboutissant à un passage secret qui conduisait du palais à la citadelle démantelée.
J’ai peu vu de ruines plus saisissantes que celles de cette forteresse de Castiglione del lago : le haut mur d’enceinte en partie écroulé est tapissé de lierres touffus;
une grande tour d’un ton doré monte jusqu’au ciel ;
quatre plus petites flanquent les bastions.
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Toute l’imposante construction s’élève au faîte de l’étroite colline comme sur un piédestal ;
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les versants du roc étalent jusqu’aux eaux du lac une végétation exubérante et des bois d’oliviers. »
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Navigation sur le Trasimène
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« Dans un de ces bois qui bordent le rivage, nous trouvons une citerne près de laquelle paissent de grands bœufs aux cornes luisantes.
Une jeune fille pieds nus, en jupon rouge et chemise écrue puise de l’eau dans un seau d’airain suspendu a une chaîne;
appuyée sur la margelle, une autre, aux yeux noirs très vifs et aux cheveux crépus massés à la grecque, cause avec un beau paysan qui la regarde amoureusement.
On voudrait être peintre pour reproduire ce tableau;
des barques de pêcheurs sont amarrées dans la vase à quelques pas de nous.
La princesse choisit la plus grande ;
nous passons sur une planche chancelante jetée sur la terre fangeuse et nous nous embarquons;
huit rameurs nous conduisent ;
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une voile latine se déploie dans l’air, nous prenons le large, et bientôt nous embrassons toute la surface de ce beau lac de Trasimène où nos souvenirs classiques évoquent 1’ombre d’ Annibal;
ces eaux bleues et tranquilles, illuminées en ce moment par le soleil qui décline, décrivent un cercle presque parfait, encadré de collines sur lesquelles les couvents, les hameaux, les donjons et les villas s’étagent, détachant leur blancheur sur la sombre verdure des chênes et des pins. »
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