San Michele Arcangelo : le crucifix en bois peint (3) : le Christ “souffrant” et saint Francois
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Per i nostri amici italiani
Oggi, parliamo della rappresentazione di Cristo « sofferente » e della possibile influenza di San Francesco d’Assisi a questo proposito.
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Le Christ « souffrant »
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Dans l’article précédent, nous avons suivi l’évolution de la représentation iconographique du Christ depuis le début du christianisme jusqu’à notre époque.
Chronologiquement, artistiquement et thématiquement, la Croce de Bartolomeo Caporali, visible à l’église San Michele Arcangelo, s’incrit dans la catégorie du Christ « souffrant ».
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L’image se suffit à elle-même.
Ici, la souffrance de l’Homme-Dieu est affichée sans fard.
Le dilemme de l’art chrétien, coincé entre le respect de la Divinité du Christ et les douleurs de son agonie, est désormais tranché en faveur de l’exposé de la souffrance et des tourments encourus.
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Mais quel pouvait bien être le sens de cet accent nouveau mis sur la souffrance ?
L’épisode de l’apparition des stigmates chez saint François d’Assise, deux ans avant sa mort, permet d’appréhender par analogie la signification de cette évolution.
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Les stigmates de saint François
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En 1260, sous le titre de « Legenda major », saint Bonaventure rédigea le récit « officiel » de la vie de saint François d’Assise à la demande du chapitre général de l’Ordre.
Ce récit fut approuvé par le chapitre de 1263 .
En 1266, le chapitre général de l’Ordre le proclama texte officiel de la vie de saint François.
Et l’ordre fut intimé de détruire tous les exemplaires des Vies rédigées par d’autres auteurs.
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François Emile Chavin, dans son « Histoire de saint François d’Assise » (1841), introduit le contexte dans lequel survint l’apparition des stigmates de saint François:
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Dans le cours de sa vie apostolique, François fit plusieurs voyages au mont Alvernia, et chaque fois il y eut avec Dieu d’intimes
et inénarrables communications. » (p. 266)Saint François avait coutume de célébrer la fête de l’archange saint Michel par un carême spécial.
Vers le milieu de l’année 1224, il partit de Cella avec le Frère Léon, traversa le comté d’Arezzo et vint au mont Alvernia ;
il avait comme un pressentiment des choses admirables qui devaient lui arriver sur cette sainte montagne, image du Calvaire (p. 267)
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Voici maintenant de larges extraits du récit de saint Bonaventure de
l’épisode des stigmates de saint François :
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François, le serviteur et le ministre vraiment fidèle de Jésus-Christ , étant en prière sur l’Alvernia , s’élevant à Dieu par la ferveur séraphique de ses désirs, et se transformant par les mouvemens d’une compassion tendre et affectueuse en celui qui, par l’excès de sa charité, a voulu être crucifié pour nous, vit comme un séraphin, ayant six ailes éclatantes et toutes de feu, qui
descendait vers lui du haut du ciel..
Ce séraphin vint d’un vol très rapide en un lieu de l’air proche de François, et alors parut entre ses ailes la figure d’un homme crucifié, qui avait les mains et les pieds étendus et attachés à une croix : deux ailes s’élevaient sur sa tête, deux étaient étendues pour voler, et deux voilaient tout le corps.
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Voyant cela, François fut extraordinairement surpris ; une joie mêlée de tristesse et de douleur se répandit dans son âme.
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La présence de Jésus-Christ qui se montrait à lui sous la figure d’un séraphin d’une manière si merveilleuse, si familière, lui causait un excès de plaisir ; mais au douloureux spectacle de son crucifiement, son âme était transpercée de douleur comme d’un glaive.
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Il admirait profondément que l’infirmité des souffrances parût sous la figure d’un séraphin, sachant bien qu’elle ne s’accorde pas avec son état d’immortalité, et il ne pouvait comprendre cette vision, lorsque Dieu lui apprit intérieurement, comme à son ami, qu’elle avait été présentée à ses yeux, afin de lui faire connaitre que ce n’était point par le martyre de la chair, mais par l’embrasement de l’âme , qu’il devait être transformé tout entier en une parfaite ressemblance avec Jésus-Christ crucifié.
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La vision disparaissant, lui laissa dans l’âme une ardeur séraphique, et lui marqua le corps d’une figure conforme à celle du crucifix, comme si sa chair, semblable à de la cire amollie et fondue par le feu, avait reçu l’impression des caractères d’un cachet ; car aussitôt les marques des clous commencèrent à paraître dans ses mains ct dans ses pieds, telles qu’il les avait vues dans l’image de I’Homme-Dieu crucifié.
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A mon sens, ce texte permet de comprendre que désormais l’accent est mis sur la compassion pour les souffrances du Christ et, dès lors, sur la nécessaire, prise de conscience, profonde, émotionnelle du sacrifice du Christ pour sauver les hommes du péché.
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Conclusion
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Le tableau ci-dessous permet de suivre la séquence chronologique des différents éléments présentés dans cette série de trois articles :
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San Michele Arcangelo
au sommet de l’Isola Maggiore
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Dès le IVe siècle, le culte de saint Michel est largement répandu en Orient.
Il fait son apparition en Occident à la fin du Ve siècle avec l’élévation d’un premier sanctuaire à Monte Sant’Angelo dans le massif du Gargano en Italie en 492.
Vers l’an mil, de nombreuses chapelles et édifices lui ont été dédiés.
Ils sont généralement édifiés dans des lieux élevés pour rappeler que saint Michel est le « chef » des anges.
Un des plus célèbres de ces sites est le Mont Saint Michel en Basse-Normandie.
Les pèlerins s’y rendaient pour recommander leur âme à l’archange et pour demander sa protection.
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La Croce de Bartolomeo Caporali
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Saint François d’Assise, premier stigmatisé de la chrétienté, a marqué son temps par l’accent qu’il mit sur le supplice douloureux du Christ.
Il n’a pu ainsi que renforcer le passage, au milieu du XIIIème siècle , à une nouvelle iconographie du Christ mettant l’accent sur sa souffrance.
La crucifixion installée dans l’église de San Michele Arcangelo ne pouvait que s’inspirer de ce modèle !
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Symbolique de la « Croce »
de Bartolomeo Caporali.
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Tout peut s’y décrypter désormais !
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Un Christ “souffrant” : c’est bien le moins que l’on pouvait attendre, à quelques centaines de mètres d’un couvent franciscain, sur une île où saint François s’était retiré pour vivre en solitaire une période de Carême.
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Le lieu de l’église au sommet d’une île : position privilégiée des églises dédicacées à San Michele Arcangelo, en tant que prince de tous les bons anges, chef des forces du ciel.
De plus, le saint archange est inclu dans la symbolique de la « Croce ».
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Au pied de la Croix, saint François et ses stigmates : nous retrouvons ici un rappel indirect de la scène de l’imposition des stigmates décrite par saint Bonaventure.
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