Voyageurs du passé : Adieu au lac Trasimène… (1837)
.
.
Préambule
.
Gallica, la bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France, recèle de véritables trésors.
.
La découverte de cette ressource exceptionnelle nous a donné l’idée de créer une nouvelle mini-série, intitulée « Voyageurs du passé ».
L’objectif de cette nouvelle mini-série est de publier de temps à autre un texte ou une anecdote extrait de cette base de données anciennes, … pour donner plus de relief temporel à notre perception actuelle du lac Trasimène et de son joyau, l’ Isola Maggiore.
.
.
.
Extraits du livre “ Un an sur les chemins »
.
.
En 1834, Victor Lottin de Laval entreprit un voyage en Italie, Sicile, Dalmatie et Illyrie.
Nous ne pouvons qu’être intéressés par sa visite au lac Trasimène.
Il commence à expliquer pourquoi il tenait tant à visiter le lieu de la bataille du lac Trasimène et, en plus, à l’effectuer à pied.
Il raconte l’événement dramatique qui venait de s’y produire et illustre ainsi la dangerosité potentielle du Trasimène et les brusques métamorphoses de ce lac.
Enfin, en un long monologue, il fait un adieu saisissant à ce lac Trasimène aux multiples facettes.
.
Click below to continue – Clicca sotto per il seguito – Cliquez ci-dessous pour la suite
.
.
Le lieu de la bataille gagnée par Hannibal
.
.
« … je me dirigeai par un pays délicieux vers le lac de Trasimène.
Je voulus marcher à pied dans le défilé célèbre ; cela surprit le marquis de Laval, mon compagnon de voyage.
– C’est ici qu’ Annibal vainquit le consul Flaminius, lui dis-je, et vraiment je crois que je ne pense pas à cette sanglante bataille sans éprouver une émotion extrême; puis, dans ma jeunesse, Alexandre-le-Grand et Annibal étaient mes deux gloires de prédilection.
II descendit aussi, et nous examinâmes curieusement ces lieux qui avaient été baignés de sang.
La forêt de chênes existe toujours, et, vers le sud, la vue plonge sur l’immense lac et sur ses îles charmantes où l’on voit de belles villas. »
.
.
.
Drame sur le lac Trasimène
.
.
.
« Un terrible orage avait éclaté l’avant-veille sur le lac; ses vagues accouraient encore au rivage, presque menaçantes, et les cloches d’un campanile sonnaient le glas de la mort, car un affreux malheur avait frappé d’épouvante les habitants de cette contrée.
Une grande barque, dans laquelle se trouvaient trois bons vieux religieux et quelques autres personnes, avait chaviré au milieu du lac, et tous étaient morts.
Le village dans lequel nous relayâmes était en proie à une stupeur inouïe; la consternation se lisait sur tous les visages. »
.
.
.
Monologue d’adieu au beau Trasimène
.
« Nous nous éloignâmes rapidement : le soleil éclairait alors cette grande masse d’eaux transparentes, encaissée au milieu d’un pays si délicieux, et je retournai souvent la tête vers ce lieu célèbre en murmurant quelques paroles :
Adieu, beau Trasimène :
un jour, dans les âges écoulés, tes vagues bleues furent teintées du sang le plus pur des fils de Rome, ta souveraine; les soldats de Carthage foulèrent tes beaux rivages, et les échos de tes forêts redirent cent fois les plaintes amères des frères de Flaminius.
— Et le silence du désert passa; et tes champs refleurirent, comme si la destruction n’eût pas plané au dessus de ta surface.
— Tu ressembles au diamant superbe qui ne garde nulle souillure : hier tes ondes se creusaient à de grandes profondeurs obéissant au caprice terrible de la tempête; elles ont englouti des âmes humaines de nobles créatures de Dieu…
Une foule consternée accourait sur tes grèves dangereuses afin de rappeler à la vie ces êtres que tu ballottais avec tant de furie depuis de longues heures.
Vaine espérance!…
Aujourd’hui le soleil te prodigue ses rayons de lumière; tes îles sont vertes et riantes, tes bords sont frais et parfumés : voila tes flots qui s’endorment, et les jeunes Étrusques qui, oubliant le péril, vont abandonner a tes abîmes leurs membres délicats et pleins de souplesse.
Ah ! Merveilleux lac, que tu offres bien l’image des joies et des misères de la vie !
Adieu, beau Trasimène, champs des sanglantes mêlées, adieu ! »
.
.
.
.
.
.
.